La 1ère fois à Chausey, j’ai débarqué à marée haute. Ainsi la mer a découvert les îles en même temps que moi. J’ai rencontré une femme, assise au pied de l’ancien sémaphore planté sur une colline couverte d’ajoncs jaunes à l’odeur de monoï. La grande île toute entière sent la noix de coco et la pêche sur les sentiers pédestres. La dame m’a salué, j’ai pris place à ses côtés. Elle m’a parlé de son fils baroudeur, des réserves indiennes dans le Dakota du Sud jusqu’au Costa Rica où il est actuellement. « Le maigre pécule qu’il gagne en travaillant, il le donne aux plus démunis. Se débarrasser de l’argent comme on tombe les chaînes à ses poignets, ça ne durera qu’un temps. Il ne pourra pas continuer ainsi pour toujours. Inquiétant… » J’ai revu Juliane sur le bateau du retour à Saint-Malo. La discussion a traversé les remparts éclaboussés de teintes crépusculaires orange et s’est achevée dans un bar de l’intra-muros autour d’une caïpirinha. Échange de numéro dans la nuit, sous le porche de granit qui mène à son logement.

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